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«Ce sont les nuances de gris qui permettent de maintenir un dialogue social fructueux.»
«Ce sont les nuances de gris qui permettent de maintenir un dialogue social fructueux.»
Aleks Khordadpour et Heinz Etter ont des opinions politiques très différentes. Pourtant, ils ont trouvé un terrain d’entente lors de la discussion menée dans dans le cadre de #Parlons-en. Ils ont même déjà pris rendez-vous pour un nouvel entretien.
Un dimanche de fin août, Aleks Khordadpour et Heinz Etter se sont rencontrés dans un restaurant portuaire au bord du lac de Constance. Les deux hommes ne savaient presque rien l’un de l’autre, si ce n’est qu’ils avaient des positions opposées sur certaines questions politiques. C’était la raison de leur présence. En effet, ils participaient à #Parlons-en. Dans ce format de dialogue, des personnes qui ne partagent pas les mêmes idées se parlent et essaient de comprendre comment leur partenaire de discussion en est arrivé:e à ses convictions.
Heinz Etter est un septuagénaire domicilié à Sankt Peterzell, dans le canton de Saint-Gall. Il considère que la fracture sociale engendrée par la crise du Covid est grave. «Il n’est pas acceptable que des membres d’une même famille se disputent parce qu’ils ne pensent pas la même chose sur la vaccination», souligne-t-il. «À mon avis, le Conseil fédéral a beaucoup trop peu tenu compte des conséquences des mesures sur la société.» Voilà la raison pour laquelle ce conseiller en éducation a décidé de participer à #Parlons-en.
Aleks Khordadpour a 32 ans. Il vient de Kilchberg, dans le canton de Zurich. Il s’inquiète lui aussi des scissions dans la société, mais pour d’autres raisons. Il enseigne l’allemand à des migrant:es. «Lorsque je rencontre des femmes qui, malgré dix ans de séjour en Suisse, ne maîtrisent que quelques mots d’une langue nationale, cela me fait réfléchir. Et cela m’attriste», explique-t-il. «Cette situation m’encourage aussi à améliorer l’intégration dans notre pays». Il y a quelque temps, il est tombé sur #Parlons-en en consultant Instagram. Le projet l’a interpellé.
Un dialogue entre deux êtres humains
Lorsqu’ils se sont retrouvés au bord du lac de Constance, les deux partenaires ont immédiatement sympathisé. «Quelques minutes après le début de notre conversation, j’ai constaté que nous n’allions pas avoir un débat houleux, mais un dialogue de personne à personne», relève Aleks Khordadpour. «Ce qui m’a impressionné dès le début, c’est que Heinz a été capable de défendre une opinion minoritaire sans pour autant tomber dans une rhétorique défensive ou agressive.»
Aleks et Heinz se sont entretenus pendant près de trois heures. Les deux partenaires ont considéré la conversation comme agréable et ouverte, bien que leurs points de vue divergent en partie.
En dépit de grandes différences
Aleks et Heinz ne sont pas tombés d’accord sur la question de savoir si les couples homosexuels devraient être autorisés à adopter des enfants. Pour Heinz Etter, le droit de l’enfant à avoir un père et une mère est primordial et nécessaire. Quant à Aleks Khordadpour, il considère qu’une adaptation complémentaire du texte de la Convention relative aux droits de l’enfant est une étape souhaitable vers un monde plus favorable aux LGBTQ. «Sur ce sujet, nous avons rapidement abordé le risque d’exploitation par la gestation pour autrui. Personnellement, j’ai été très heureux de voir qu’Aleks avait également un regard critique sur cette réalité», fait remarquer Heinz Etter.
Autre sujet de discussion: la politique migratoire. «Nous pensons tous les deux qu’il est contraire à l’éthique de ne faire venir en Suisse que des personnes bien formées issues de pays plus pauvres», raconte Heinz Etter. Il faudrait accueillir les personnes en détresse. Heinz Etter précise que les deux partenaires étaient d’avis qu’il fallait éviter que des sous-cultures problématiques ou extrémistes se forment.
«Je ne dis pas que l’immigration ne pose pas de problèmes», souligne Aleks Khordadpour, dont le père est iranien. Il regrette notamment que des opinions extrêmes soient plus facilement tolérées chez les personnes d’origine étrangère que chez les personnes d’origine suisse. «Nous étions les deux d’accord sur ce point.»
À une prochaine fois
Bien qu’ils aient coché des cases différentes en remplissant leur formulaire d’inscription, ces divergences ne les ont pas conduits à se condamner mutuellement, explique Heinz Etter. «Penser en noir et blanc n’a jamais fait avancer quelqu’un. Ce sont les nuances de gris qui permettent de maintenir un dialogue social fructueux», ajoute son partenaire de discussion.
Les deux participants ont été contents d’avoir mené une conversation nuancée et de s’être compris réciproquement. Ils ont convenu de se revoir et d’aller dîner ensemble dans un restaurant iranien.