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Quand les contraires se rencontrent
Quand les contraires se rencontrent
Elle s’attend à un paysan conservateur. Lui, à une gauchiste active dans les milieux culturels. Or, l’entretien de #Parlons-en entre Petra Miersch et Simon Gloor prend un tournant inattendu. Élargir son horizon en vaut la peine, par exemple au sujet du congé de paternité.
Nous sommes un dimanche ensoleillé. Des enfants jouent près des fontaines du parc de la Josefwiese. Dans quelques instants, Petra Miersch retrouvera son interlocuteur de #Parlons-en devant le kiosque. Elle s’imagine un paysan de l’UDC qui défend des valeurs traditionnelles. «Je ne corresponds pas à ce cliché,» affirme Simon Gloor en riant.
Il serait plutôt de tendance conservatrice. Simon Gloor n’est toutefois ni paysan ni arrêté sur ses idées. «Si quelqu’un présente de bons arguments, je réfléchis pour voir s’ils sont justifiés.» Âgé de 33 ans, il est actif dans le secteur du travail de projet et du reporting. Il suit actuellement une formation de contrôleur et s’engage à titre bénévole auprès du Festival du film de Zurich (ZFF).
Une perspective inhabituelle
Domicilié à Adliswil, Simon Gloor a grandi à Zurich-Wollishofen. Il participe à #Parlons-en parce qu’il constate une polarisation de plus en plus prononcée. «Il ne suffit pas de parler de tolérance, mais il faut aussi la pratiquer.» Que pense-t-il de son interlocutrice? «Je savais que Petra travaillait dans le secteur culturel. J’imaginais une femme résolument progressiste et gauchisante», déclare-t-il. Il s’attendait à ce qu’elle embrasse toutes les valeurs de ce milieu.
Un parti pris qui se dissipe dès leur premier contact: «Petra s’est exprimée de manière nuancée. Nous avons pu partir d’une base commune et discuter des contenus.» Il a dû se mettre à la place d’une étrangère bien intégrée qui a dû patienter pendant dix ans avant d’obtenir sa naturalisation – une perspective inhabituelle pour lui.
Photo: Mina Monsef
Petra Miersch est d’origine allemande. Il y a vingt ans, après avoir décroché son EMBA en Suisse, elle y est restée «bloquée» (dixit Petra). Âgée de 52 ans, elle dirige la fondation d’une banque cantonale. Elle habite Aarau avec son fils et son mari. C’est par curiosité qu’elle s’est inscrite à #Parlons-en. «Je ne m’intéresse pas qu’à mon sillon de pensée, mais à tout ce qui se trouve à côté.»
Spontanéité ou structure?
Petra Miersch commande deux cafés. Simon Gloor a apporté son dossier de discussion, où il a soigneusement noté ses dix réponses au questionnaire. Petra Miersch avoue: «Je suis plutôt spontanée et m’étais moins bien préparée.» Simon Gloor: «Il me semble que le débat aurait pu être plus structuré. Mais je suis heureux que notre dialogue se soit déroulé d’une manière aussi naturelle.» Le temps passe vite.
Photo: Mina Monsef
Ils parlent longuement du congé de paternité: faut-il le prolonger, voire introduire un congé parental? C’est l’une des questions qui les divisaient au moment de l’inscription. Elle avait répondu «oui». Il avait dit «non». Mais l’argument de Petra Miersch suscite une réaction chez son interlocuteur. Elle s’explique: «Au début, l’arrivée d’une nouvelle vie dans un foyer met tout sens dessus dessous. Comment le père peut-il retourner au travail comme si de rien n’était?»
Jusqu’ici, Simon Gloor avait considéré la question sous l’angle de l’employeur. «Si les pères s’absentent en même temps que les mères, cela pose problème.» Toutefois, grâce à l’argument de Petra Miersch et à sa comparaison avec le congé parental en Allemagne, il comprend l’autre perspective, où ces mesures sont possibles et peuvent fonctionner.
«Je n’avais jamais considéré cet aspect-là»
Petra Miersch déclare: «Ce qui m’a fait plaisir, c’est que quelqu’un puisse dire: je n’avais jamais considéré cet aspect-là.» Elle réalise que des personnes conservatrices parviennent à s’éloigner de leur pensée initiale pour se rapprocher du centre. Tout comme Simon Gloor, qui a grandi dans une famille évangélique et qui s’engage désormais au sein de l’Église réformée.
Au bout d’une heure et demie de débat, Petra Miersch et Simon Gloor prennent congé au kiosque du parc de la Josefwiese. Petra Miersch rentre chez elle, la tête pleine de bouts de conversation. «Je suis sortie stimulée et satisfaite de cet entretien. J’ai trouvé intéressant d’entendre une opinion dont je pouvais saisir les contours.» Simon Gloor est d’accord: «Découvrir pourquoi une personne pense d’une certaine façon enrichit la discussion.»